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Photo du rédacteurPulse / Eric Miternique

Histoire de la chemise : origines, évolutions et techniques de tissages

Dernière mise à jour : 14 janv. 2023



Quand on dit « chemise », on pense spontanément au vêtement boutonné sur le devant, pièce indissociable de l’uniforme et du costume. En réalité, il n’y a pas une chemise, mais des chemises, et tout autant de tissus, de coupes, de cols, de poignets... Vous pensiez tout savoir de la chemise ? Vous allez être surpris !



UN PEU D’HISTOIRE


Dans l’Antiquité : la chemise - tunique

Les traces de la toute première chemise sont très anciennes ! On la trouve en Égypte, en 3000 avant J.-C. Rien à voir avec le vêtement moderne : il s’agit une tunique en lin souple, ce qui lui confère une grande aisance au porté, avec de longues manches pour protéger le corps.


Dans la Grèce et la Rome antiques, la chemise a également la forme d’une tunique ou d’une toge.


Enfin, « nos ancêtres les Gaulois » portaient aussi la chemise (en tout cas une tunique en forme de T). Ils ont même créé le mot ! En effet, « chemise » vient du gaulois camisia (également utilisé en latin), devenu ensuite cemise, puis chemise vers le Xe siècle.




Au Moyen-Âge : la chemise de nuit et de travail


Ce n’est qu’au Moyen Âge que la chemise telle que nous la connaissons aujourd’hui fait son apparition. Cette camisia se porte pour dormir (et ainsi préserver la peau de la rudesse des couches de l’époque) ou pour travailler aux champs.


Ses liens de resserrage aux poignets et sur le plastron, ainsi que ses manches longues en font un outil fonctionnel et protecteur pour le travail quotidien. Elle est fabriquée à domicile à partir de lin, de chanvre, d’ortie (le coton et la laine étant réservés aux plus aisés), elle est épaisse pour plus de résistance, et de couleur blanche ou écrue, car non teintée.





À la Renaissance : la chemise boutonnée


C’est durant la Renaissance que la « chemise » prend un nouveau tournant avec l'apparition des boutonnières. C’est également à ce moment qu’il est décidé que les boutonnières des hommes se trouveront à droite et celle des femmes à gauche. Et cela pour des raisons pratiques car à cette époque il est courant que les femmes soient habillées par des servantes : il est alors plus aisé pour elles de boutonner une chemise de cette façon.


La chemise est alors considérée comme un vêtement de dessous, il n’est pas convenable de la montrer, c’est pourquoi elle se trouve toujours sous un gilet et une veste. Elle n’a pas à proprement parler de col et se porte donc avec une lavallière ou un foulard afin d’habiller le cou et surtout éviter de prendre froid en ces temps où les moyens de chauffer les châteaux se font rares.




Au XVIIe siècle : la chemise d’apparât


À Versailles, sous Louis XIV, les nobles portent des chemises de coton ou de satin. À cette époque, les vêtements des nobles sont extrêmement importants, ils sont considérés comme un instrument politique, car l’image que l’on renvoie de soi est le reflet de son rang à la cour et de son statut social. Il est donc indispensable d’être élégant et soigné. Le Roi veut que l’élégance à la française rayonne dans toute l’Europe. Pour ce faire, il va jusqu’à créer, en 1669, son propre « service de Garde-robe » dirigé par un grand maître. Sa mission ? Choisir les habits du roi pour chaque saison auprès des fournisseurs. Tous les ans, c’est la totalité du vestiaire royal qui est remplacé. De quoi faire pâlir d’envie les fashionistas et les influenceuses mode d’aujourd’hui !


Autre symbole de l’importance de l’apparence vestimentaire, c’est à cette époque (en 1672) que fut créé le premier magazine dédié aux « potins et à la mode » : Mercure Galant.




Au XVIIIe : la chemise customisée


Au fur et mesure, la chemise évolue et se pare de broderies, de dentelles, de décorations, de bijoux,... Ses manches deviennent « bouffantes », on y ajoute des plis pour plus d’aisance, puis arrive enfin le col rabattu (tel que nous le connaissons aujourd’hui). Ce col, réservé aux nobles, permet de mieux mettre en valeur la chemise. Il se porte souvent remonté de chaque coté d’un foulard et s’ornemente de petits bijoux.


Au fil du temps, ce col deviendra amovible, pour des questions d’hygiène, puis plus rigide. Apparaissent aux même moment les poignets mousquetaires amovibles (ceux-ci permettent l’utilisation de bijoux pour maintenir le bas de manche fermé). À ce moment, la chemise s’enfile toujours par la tête avec une ouverture au niveau du plastron.


Au XVIIIe siècle on note aussi une évolution de la chemise féminine. C’est en effet à cette époque que Rose Bertin (déclarée première créatrice de mode) crée la célèbre robe-chemise portée par Marie-Antoinette. C’est une robe longue en lin et coton, avec des manches amples et un fil coulissant à la taille. D’abord vêtement de nuit, elle est détournée en habit d’extérieur, et rencontre un fort succès après la Révolution.





Au XIXe : la chemise boutonnée et cintrée


C’est en 1871 que Brown, Davis & Co vont créer la première chemise boutonnée sur le devant. Celle-ci équipée de boutons, de poignets et d’un col devient la chemise contemporaine. Les techniques de teinture du coton se développant, la chemise se décline ensuite dans divers coloris et passe de vêtement de dessous à pièce décorative en se parant de motifs. Sa coupe se fait de moins en moins ample, pour arriver aux coupes cintrées d’aujourd’hui.







UN PEU DE TECHNIQUE


Les poignets Mousquetaires

L’appellation vient des Mousquetaires du roi qui maniaient le mousquet et dont les poignets des chemises étaient liés par des rubans. Réputés pour leur élégance, ils ont remplacé les rubans par des bijoux qui maintenaient fermés les poignets tout en laissant assez d’aisance pour pouvoir librement manier l’épée.



Le col italien

Symbole de l’élégance à l’italienne, les pointes de ce col s’ouvrent à la perpendiculaire du cou. Son épaisseur et les baleines amovibles a l’intérieur permettent de le porter aussi bien ouvert en toute décontraction, que fermé avec une cravate (en privilégiant les nœuds doubles). Il est idéal pour affirmer sa « sprezzatura ».


Le col français

Plus sage et plus formel que son confrère italien, le col français est un peu plus étroit et plus long. Il se porte surtout avec une veste et une cravate. Il permet d’affiner légèrement la silhouette pour un véritable chic à la française.


Le col anglais

Sa spécificité est que les deux pans du col sont reliés par une petite patte boutonnée, ainsi il est préconisé pour des nœuds de cravates étroits et confère un look de gentleman classique.


Le col américain (ou col boutons)

Pour un look plutôt casual, les pointes de col sont attachées à la chemise par deux petits boutons. Afin d’éviter toute arrestation par la Fashion Police, il doit se porter ouvert et sans cravate. Impérativement !


Le col Mao

Il tire son nom de Mao Zedong (homme d’état chinois) et se distingue des autres par sa forme particulière. Ce col n’a pas de rabat, il est droit et ne comporte pas de boutons. Il est plutôt décontracté et donne une réelle touche d’originalité.






Matières et tissages


La Popeline

Le terme popeline est une déformation de « papeline », car le tissu a été créé dans la ville papale d'Avignon, en France. Il s’agit d’une toile qui présente une côte fine et serrée ; elle est absorbante, souple et légèrement soyeuse.



Le Fil-à-fil

Le fil-à-fil est une popeline avec des couleurs de fil différents : un fil clair est mélangé a un fil sombre au moment du tissage. La superposition de ces fils contrastés donne cet effet légèrement texturé. Côté look, ce tissage donne un aspect un peu moins formel.



L’Oxford

L'oxford est un tissu dit « à grains » et offre un tissage moins précis que celui de la popeline. Le plus souvent, le fil de couleur est associé à un fil blanc ce qui met en avant l'aspect quadrillé de ce tissage.



Le Chambray

Se dit d'un tissu à armure toile, avec chaîne indigo et trame blanche, plus léger que le Denim dont il se rapproche par la couleur.

Le Denim donne un effet robuste et très sportswear, le Chambray est plus souple et plus casual.



Le Twill

Le twill se distingue facilement des autres tissus grâce aux diagonales visibles qui se forment au moment du tissage. Le twill est peu froissable, facile à repasser et résistant. C'est un choix naturel pour une chemise hivernale à porter de façon formelle ou décontractée.



Le Seersucker

Le seersucker est un tissu de coton gaufré, généralement écossais ou rayé, d'origine indienne. Cet effet gaufré provient de l'alternance de lignes de couleurs lisses et de lignes blanches gaufrées, que l'on obtient en exerçant des tensions différentes sur les métiers à tisser. Cette matière est plutôt appréciée pendant les saisons chaudes, car cette étoffe favorise la perte de chaleur et la circulation de l'air.




QUELQUES EXPRESSIONS


S’en moquer comme de sa première chemise

Expression qui remonte au XVIe siècle. La chemise désigne ici le premier vêtement qu'un enfant portait une fois la période des langes terminée. Ainsi l’expression prend son sens car l’on attache peu d’importance à un si lointain vêtement.



Y laisser sa chemise

Expression née au Moyen-âge, alors que l’on jouait aux dés dans les tavernes. Lorsqu’un participant jouait de malchance, on disait qu’il avait été « pelé aux dés », il ne s’agissait plus de perdre, mais de donner jusqu’à sa chemise.



En bras de chemise

Signifie n’être vêtu que d'une chemise et d'un pantalon, sans veste ni gilet, être décontracté.

L'expression vient du moyen-âge, ou la chemise était uniquement un vêtement de dessous car on la portait toujours accompagnée d'une veste. S'habiller "en bras de chemise" était donc une pratique extrêmement rare, mal vue et fort incongrue.





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